L'action de notre comédie "Le Crépuscule des Branchés" s'inscrit dans une époque, la fin des années 70, le début des années 80 et s'inspire de ce qui deviendra une légende, un mythe : les nuits folles du Palace. Notre intention n'était nullement de retracer l'histoire de cette apogée du nightclubbing en France mais plutôt d'en restituer l'atmosphère si particulière.
Bien sûr il y avait avant tout le goût de la fête, une envie de s'amuser et de jouir qui emportaient tout sur son passage. Mais c'était aussi l'époque où la créativité et l'art étaient des valeurs chéries entre toutes. Le "Tout est politique" de la génération précédente avait laissé la place à "Tout est création, tout est Art". S'habiller, se chausser, se coiffer étaient devenus des activités artistiques à part entière qui pouvaient vous valoir l'admiration d'un public ö combien exigeant ou bien son plus profond mépris .
Et puis, ce qui fait la singularité de cette époque qui continue à tant nous fasciner, c'est sans doute ce mélange incroyable du sordide et du sublime, comme en témoignaient de manière si éloquente, les chroniques d'Alain Pacadis dans Libération, ou bien comme l'évoquent aujourd'hui les récits autobiographiques sans complaisance d'Eva Ionesco. L'or et la boue, assurément Charles Baudelaire aurait adoré !
A travers notre comédie, nous voulons rappeler que le Palace était avant tout un théâtre, le plus grand théâtre du monde qui chaque soir donnait à chacun la chance de jouer le plus beau rôle de sa vie.
Un lieu : le Palace
La Palace est une salle de spectacle située rue Faubourg-Montmartre dans le 9eme arrondissement de Paris. Ce fut un cinéma, un théâtre et un music-hall. En 1977, Fabrice Emear, le propriétaire du Club 7 le rachète et le transforme en night-club, avec l'ambition de d'en faire un lieu aussi célèbre que le Club 54 de New-York. Le nouveau palace ouvre ses portes le 1er mars 1978 et le succès est immédiat. L'établissement devient le temple du disco où se pressent le Tout-Paris mais aussi les anonymes qui ont eu la chance de plaire aux physionomistes intransigeants du lieu. Le Palace fut le cadre des fêtes les plus délirantes et les plus extravagantes du siècle dernier, en France et sans doute dans le monde.
Quelques personnalités parmi celles qui nous ont inspirés
Fabrice Emear (1935-1983)
Il est le fondateur et le propriétaire du Palace. C'est le ministre de la culture de l'époque, Michel Guy, qui lui conseille d'acquérir l'établissement. Il le restaure avec la collaboration de grands artistes de l'époque. Dans sa boite, Fabrice Emear souhaite que toutes les classes sociales se mêlent et qu'on y retrouve les plus grandes stars internationales comme les ouvriers, les employés ou les marginaux les plus déjantés. Et ça marche. La gloire du Palace sera brève. En 1982, les problèmes financiers menacent de conduire à la fermeture de l'établissement et le 10 juin 1983, Fabrice Emear meurt d'un cancer. Par la suite le Palace va connaître des fortunes diverses, entre les mains de propriétaires plus ou moins bien avisés.
Alain Pacadis (1949-1986)
Alain Pacadis est le chroniqueur attitré du Palace. Au début des années 70, il est l'une des figures de la culture underground en France. Grand admirateur d'Andy Warhol, il se passionne pour tous les mouvements qui fleurissent après mai 1968. Il est tour à tour ou en même temps hippie, militant homosexuel, punk. Il consomme beaucoup de drogues et tente sans grand succès de faire publier ses articles. En 1975, il entre à Libération et va y rester jusqu'à sa mort malgré l'opposition ouverte d'une grande partie de la rédaction. C'est à partir de 1979, qu'il rédige ses fameuses chroniques "Nightclubbing" dont le sujet principal est le Palace. Alain Pacadis est un habitué de l'établissement qu'il fréquente assidument depuis son ouverture. Auprès de ses contemporains, il a laissé l'image d'un dandy sale et fauché mais attachant. Il meurt brusquement dans des circonstances restées obscures.
Chroniques et articles d'Alain Pacadis publiés par Denoël
Jacques de Bascher (1951-1989)
Jacques de Bascher était un dandy dont la beauté et la culture impressionnaient tous ceux qui l'approchaient. Il fut aimé de Karl Lagerfeld et d'Yves Saint-Laurent. Après leur rupture, ce dernier plongera dans une interminable dépression. Jacques de Bascher était une figure incontournable de toutes les grandes fêtes données au Palace ou ailleurs. Il meurt du sida à l'âge de trente-huit ans. Faisant preuve d'une fidélité dont son jeune ami ne fut jamais capable, Karl Lagerfeld l'assistera jusqu'au bout, dormant près de lui dans sa chambre d'hôpital.
Biographie de Jacques de Bascher par Marie Ottavi chez Plon
Marie-France (née en 1946)
Marie-France est une femme trans, chanteuse et actrice. Elle commence sa carrière artistique à l'Alcazar où elle connaît un succès considérable en imitant Marylin Monroe. Par la suite, elle enchaînera les rôles au cinéma et au théâtre tout en se consacrant à la chanson. Elle a sorti son dixième album cette année.
Au début des années 70, Elle milite au Front homosexuel d'action révolutionnaire créé
par Guy Hocquenghem et au sein des Gazolines, un groups constitué de femmes et
de travestis dont un grand nombre travaillera au Palace.
Autobiographie de Marie-France, Elle était une fois publiée par Denoël
Le Crépuscule des Branchés
Le samedi 2 décembre à 19h
Théâtre du Sphinx
9, rue Monteil
Réservation : 06.34.10.20.92 ou HelloAsso/le Marquis Capricieux
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